Les toutes premières dentelles

Ouvrage en dentelle à l’aiguille réalisé en 1630 (XVIIe siècle)

La dentelle apparait en Italie au XVIe siècle, sous une forme très vite virtuose. Les deux principales techniques de dentelle, la dentelle aux fuseaux et la dentelle à l’aiguille, sont présentes dès le début. On considère que la dentelle à l’aiguille nait de la broderie et du travail des jours à fils tirés, et la dentelle aux fuseaux de la passementerie, ou art de la fabrication des rubans.


La principale source de cet article est le site compagnon de l’exposition Threads of Power du Bard Graduate Center (New York), qui présente des dentelles provenant du Musée des textiles de Saint-Gall (Suisse). Les illustrations proviennent en majorité du Metropolitan Museum of Art.


Au XVIe siècle : les livres de motifs

Un des plus anciens livres imprimés de motifs décoratifs paraît en 1524 à Zwickau, en Allemagne, publié par Johann Schӧnsperger le Jeune. Sur la page de titre-frontispice, un homme et une femme utilisent chacun une sorte de grille verticale, similaire à une passette, sur ce qui est clairement un métier à tisser. L’homme dispose de plusieurs navettes.

En 1600, il existera plus d’une centaine d’ouvrages de ce type, contenant pages après pages de patrons, sans explications, pour la dentelle à l’aiguille ou aux fuseaux.

1557 : le premier livre de modèles de dentelle aux fuseaux
Les ouvrages d’Isabella Parasole, graveuse et dentellière

L’absence totale d’explications dans la plupart de ces ouvrages laisse à penser que leurs acheteuses maîtrisent les techniques nécessaires à la confection des dentelles représentées. Par ailleurs, il semble ce type de livre était directement utilisé comme patron, c’est-à-dire que les pages en étaient soustraites pour piquer les parchemins servant ensuite de cartons.

XVIe siècle : les plus anciennes dentelles conservées

La dentelle à l’aiguille, comme la dentelle aux fuseaux, utilise principalement des motifs géométriques, hérités de l’esthétique des jours à fils tirés.

En dentelle à l’aiguille

Échantillon inachevé italien du XVe siècle (?), en lin, en jours à fils coupés et dentelle à l’aiguille Reticello, montrant la continuité entre les deux techniques (source : Philadelphia Museum of Art ; 19,1 x 17,1 cm).

Bande italienne du XVIe siècle, en dentelle à l’aiguille, jours à fils coupés et broderie (source : MET ; 10,2 × 121,9 cm).

La bande ci-dessus, de plus d’un mètre de long, semble n’avoir rien en commun dans sa délicatesse avec l’échantillon inachevé, alors que tous deux comportent encore un fond, élément déjà absent des autres dentelles à l’aiguille du même siècle conservées au MET.

En dentelle aux fuseaux

La parution de Le Pompe permet d’estimer au XVIe siècle la confection des bandes de dentelle aux fuseaux, à motifs géométriques très proches, conservées au MET.

Début du XVIIe siècle : des objets aux parures

Les dentelles à l’aiguille sont plus tôt considérées comme suffisamment virtuoses pour entrer dans l’habillement de luxe, mais les dentelles aux fuseaux s’émancipent très vite de la passementerie.

Échantillon de jours à fils coupés et dentelle à l’aiguille, datant d’avant 1633, en lin (source : Bard Graduate Center, photo Michael Rast).

Housse de coussin en lin, vers 1620, dentelle à l’aiguille et aux fuseaux, jours (source : Architectural Digest, photo Michael Rast)

Col peut-être français, vers 1610-1620, jours, dentelle à l’aiguille Reticello, punto in aria et broderie sur lin (source : MET)

Col a rebato français, vers 1625-1640, dentelle aux fuseaux et gaze sur armature de laiton (source : Musée national de la Renaissance)

Le col a rebato français ci-dessus, du début du XVIIe siècle, a été réalisé en dentelle aux fuseaux de fils métalliques avec armature de laiton (source : MET ; 40,0 x 45,7 cm).

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