
Les métiers traditionnels utilisés en France comportent tous un cylindre mobile sur lequel on place le carton et les épingles. De façon générique, on nomme ce type de métier le « carreau à roue ». Il est particulièrement adapté au tissage de longues bandes de dentelle linéaire, ce que l’on appelle la « dentelle au mètre » ; ornant les vêtements, c’était l’article le plus demandé à l’apogée de la dentellerie, au XIXe siècle.
Selon l’époque et la région, le carreau à roue adopte des formes diverses.
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Pourquoi une « roue » ?
Le cylindre est la partie du métier où se fait la dentelle : on y place le carton, les épingles, et au fur et à mesure du travail, on repousse petit à petit la « roue » vers l’arrière. La roue a un intérêt double :
- la zone de travail se trouve toujours à distance fixe de la dentellière, ce qui n’est pas le cas pour les métiers traditionnels sans roue ;
- quand on arrive en fin de carton, on place un deuxième carton, identique au premier, de sorte que le dessin soit continué sans irrégularité ; après quelques centimètres, on libère le premier carton, qui sera réutilisé à la fin du carton en cours.
Bien sûr, comme en travaillant la dentellière tire sur ses fuseaux, il faut un dispositif pour empêcher la roue de basculer vers l’avant. Le « frein » est le plus souvent un ruban épinglé à la roue et à l’arrière du métier, que l’on replace après chaque mouvement du cylindre. La roue et le frein sont décrits de façon plus détaillée dans l’article sur le carreau à roue d’Auvergne.
Le carreau à roue en Auvergne
Il s’agit du carreau traditionnel qui nous est le plus familier, avec son corps massif bombé à base carrée, posé sur les genoux. L’article Le carreau à roue d’Auvergne lui est consacré.



Le carreau à roue en Normandie
Ce carreau traditionnel a également une base carrée. Plus plat et plus large que le précédent, il est aussi plus lourd, d’où la nécessité de poser son extrémité sur une table ou sur un pied réglable, lui aussi traditionnel.


Le tambour du Queyras
Le métier à dentelle des régions du Dauphiné et du Queyras est un cylindre aux faces latérales (ou joues) sculptées, posé sur un support le plus souvent également sculpté. On le nomme fréquemment « tambour de dentellière ». Il comporte une cache centrale pour pouvoir ranger les fuseaux.



Sculpté à l’Opinel dans du bois tendre de mélèze ou de pin Cembro, le tambour est une œuvre de l’artisanat domestique. La surface de travail cylindrique est rembourrée de foin, pour que les épingles s’y maintiennent ; le support peut être un patin comme ci-dessus, ou un meuble posé au sol.
Le métier de l’Encyclopédie
Inventé avant 1751, c’est un carreau elliptique légèrement bombé, monté sur une boite horizontale à tiroirs. Son extrémité repose sur un tabouret à trois pieds.



On en trouve des répliques actuelles, sur boite taillée pour donner une inclinaison permanente à la surface de travail.
Sources
- Tambour du Queyras : Mucem
- Encyclopédie : bibliothèque Mazarine