Portraits en dentelles au XVIe siècle

On peut dater l’apparition de la dentellerie en Italie au début du XVIe siècle, grâce aux livres de motifs décoratifs imprimés dès 1524. Rapidement, la dentelle s’invite sur les vêtements des grands de l’époque, comme en témoignent les portraits méticuleux qu’ont laissé d’eux les meilleurs artistes.


Cet article fait partie d’une suite sur la variété des dentelles représentées dans les portraits contemporains :


Les portraits représentés dans cet article proviennent de l’excellent site du Fashion Institude of Technology de New York, et de Wikipedia Commons.


Avant la dentelle

Lorsque le roi d’Angleterre Henri VIII (1491-1547) et son concurrent le roi de France François Ier (1494-1547) se font représenter dans leurs plus beaux atours, pour afficher leur richesse, leur puissance et leur goût, leurs vêtements sont recouverts de broderies d’or à entrelacs, mais sans aucune dentelle.

Premières représentations

Les jours apparaissent sur l’encolure de Catherine Parr en 1548. En 1552, sur le mouchoir de Catherine d’Autriche, épouse de Jean III du Portugal, les jours élaborés se rapprochent de la dentelle à l’aiguille. Entre 1550 et 1555, le portrait d’un jeune Italien montre un col en jours et dentelle à l’aiguille.

Les vêtements suivent la mode espagnole : autour de 1560, femmes et hommes commencent à porter des collerettes plissées en 8, ouvertes ou fermées. C’est dans ces collerettes et dans les emmanchures que la dentelle fait sa première apparition.

Le règne de la collerette en dentelle

Après 1570, la dentelle à l’aiguille s’est imposée dans les vêtements de luxe : les collerettes en dentelle sont portées dans presque toute les cours d’Europe, bien que des cols plus simples continuent d’être portés.

L’exubérance élisabéthaine

Élisabeth Ire d’Angleterre, qui a accédé au trône en 1558, couvre ses vêtements de joyaux et de broderies, réservant une dentelle très élaborée pour la collerette et les poignets. Les dames de sa cour la suivent, à la mesure de leurs moyens.

La mode change vite à la cour d’Angleterre. La collerette en dentelle s’étend pour devenir une fraise, portée par les hommes comme par les femmes.

Entre 1585 et 1588, la fraise disparait subitement au profit de cols très plats ou retombant, bien évidemment en dentelle pour les plus riches.

À la fin du XVIe siècle, les moralisateurs s’inquiètent du trop grand goût pour les dentelles, qui ne sont pas encore produites sur place, mais importées à coût prohibitif d’Italie. Cela n’empêche pas la dentelle à l’aiguille de s’installer durablement à la cour d’Angleterre, et dans les autres royaumes européens : la fraise revient dans les vêtements féminins, sous une forme ouverte qui préfigure le col Médicis.

La dentelle aux fuseaux coexiste avec la dentelle à l’aiguille, mais elle est pour l’instant regardée comme trop commune pour les vêtements aristocratiques.

Les atours des hommes sont moins extravagants : la dentelle ne décore plus la fraise ; elle reste cependant présente sur les bordures des vêtements.

Élisabeth Ire décède à Londres en 1603.

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