La ganse Venise — on dit aussi « le Venise » — et la ganse princesse sont des cousines moins difficiles du célèbre point d’esprit, et comme lui, on les rencontre fréquemment dans la dentelle Cluny. Il semble qu’au début du XXe siècle, on les nommait respectivement « point de Venise » et « point de Venise à deux meneurs ».
Schéma technique
La ganse Venise et la ganse princesse ont le même schéma technique, en jaune ou parfois en orange.
La ganse Venise
C’est l’un des rares points qui est tissé avec 3 fuseaux ; on le trouve fréquemment dans la dentelle Cluny. On utilise en général pour la paire de passives (en rose) un fil plus épais que celui du meneur (en vert), ou un fil bobiné en double sur chacun des fuseaux passifs.
- Commencer avec le meneur au milieu. Opérer un « tourne tourne » sur les deux fuseaux de droite.
- Tendre les deux passives en les écartant comme pour un point d’esprit, et faire glisser le fil meneur vers le haut, pour qu’il recouvre bien la passive de droite.
- Opérer un « croise croise » sur les deux fuseaux de gauche.
- Comme en 2, tirer fermement sur les passives en les écartant pour faire glisser le fil meneur vers le haut, pour qu’il recouvre bien la passive de gauche.
- Reprendre le mouvement à partir de l’étape 1.
La ganse Venise ne pose pas de difficultés techniques : sa largeur est fixée par l’épaisseur des passives.
La ganse princesse
Elle est réalisée avec un minimum de 4 fuseaux, et comporte 2 meneurs, qui entourent chacun 1 passive, ou davantage.
Étapes pour 1 paire passive
On utilise souvent ce tissage dans la dentelle Cluny, avec en général les passives en fil un peu plus gros que les meneurs. Ici, les meneurs sont les deux fuseaux extérieurs en début de tissage (en bleu et vert).
- Réaliser un « tourne » sur chaque paire pour amener les meneurs au milieu.
- Croiser les meneurs.
- Réaliser un « tourne tourne » sur la paire de gauche.
- Réaliser un « tourne tourne » sur la paire de droite.
- Croiser les meneurs.
- Saisir les passives, les tendre et les écarter comme pour un point d’esprit.
- Sans lâcher les passives, tirer alternativement les meneurs pour amener le point qui vient d’être fait contre les précédents, en conservant la même largeur de ganse.
- Reprendre le mouvement à partir de l’étape 3.
Les meneurs entourent alternativement la moitié droite et la moitié gauche de la ganse. Le plus difficile est d’obtenir une largeur régulière, en plaçant avec soin les fils après chaque « croise ».
Étapes pour plusieurs paires passives
On peut utiliser ce tissage lorsqu’il faut réduire temporairement la largeur d’un ruban, sans éliminer de fils.
- Pour 4 paires de fuseaux au départ…
- … les meneurs sont le premier et le dernier fil (en bleu et en vert). On commence par séparer les passives (en rose) en 2 groupes de 3 fuseaux que l’on écarte au milieu.
- Chaque meneur passe au-dessus de 3 passives.
- Au centre, on opère un « croise » sur les meneurs, et on les écarte. Puis on saisit les passives…
- … on soulève chaque groupe de passives pour les poser au milieu de la ganse, entre les deux meneurs, qui se trouvent donc maintenant à l’extérieur, sous les passives.
- Chaque meneur passe au-dessus de 3 passives, comme à l’étape 3.
- Au centre, on opère un « croise » sur les meneurs. Juste après ce « croise », on tire bien sur les meneurs et les passives en les écartant, pour placer le point en haut de la ganse, ce qui recouvre les passives de fils meneurs. Puis on saisit les passives…
- … et on reprend le mouvement à partir de l’étape 5.
Comme précédemment, les meneurs entourent alternativement la moitié droite et la moitié gauche de la ganse. Selon la façon de tirer sur les fils après chaque « croise », la ganse sera plus ou moins fine.
Sources
- Photos : musée Crozatier, pièces de dentelle pour l’enseignement, réalisées vers 1910 par le dentellier Alexandre Raybaud du Puy-en-Velay.
- Schémas : Sylviane P. sous Xfig.