
Depuis plus d’un siècle, les machines Barmen permettent de reproduire, à l’identique, de la dentelle Torchon au mètre, avec une largeur limitée à 120 fils, soit 60 paires de bobines.
Invention

La machine Barmen a été développée vers 1890 dans la ville alors prussienne de Barmen, juste au sud de la Ruhr, en perfectionnant une machine à tresser.
Au cours du XIXe siècle, le sous-sol riche en minerai de fer et en charbon de la Ruhr a causé l’industrialisation et l’urbanisation rapide de cette région agricole.
Barmen a été incluse en 1929 dans la ville nouvelle de Wuppertal, au cœur de l’agglomération Rhin-Ruhr.
Description de la machine Barmen

Les bobines de fil sont installées sur un mécanisme circulaire imitant les fuseaux : les bobines peuvent réaliser entre elles des « croise » et des « tourne ».

Au centre se trouve un dôme muni de « couteaux », qui rassemblent le tissage périodiquement, comme une dentellière posant ses épingles et tirant sur ses fils…

En sortie de machine, une dentelle tubulaire est produite ; il est nécessaire de l’ouvrir pour obtenir la bande de dentelle plate souhaitée.
Voir des machines Barmen en action en 2024
Les images ci-dessus sont des instantanés de la vidéo (1:45) de Wilhelm Rehage KG, une entreprise actuelle de Wuppertal, fondée en 1919.
Plus près de nous, une machine Barmen de 1920 est exposée au Puy-en-Velay. Récemment la Société Cholétaise de Fabrication a acheté des machines « de dentelle aux fuseaux mécanique » du Puy-en-Velay, qui sont des machines Barmen.
Reconnaître une « dentelle aux fuseaux » mécanique Barmen
Malgré l’ingéniosité des concepteurs de la machine, la dentelle Barmen a plusieurs limites, qui permettent de la différencier de la dentelle faite main.

La dentelle Barmen est :
- sans fils interrompus : largeur quasi constante,
- sans cordonnet,
- sans trous d’épingles aux croisements complexes,
- sans tissage avant-arrière,
- sans variation de tension des fils.
Les effets de ces limites sont illustrés sur l’image ci-dessus :
- dans le motif « fleur », les points d’esprit :
- ne sont pas ovales, car la tension du fil meneur ne varie pas ;
- ne peuvent pas être verticaux sur la photo (tissage en aller-retours avant-arrière) : ils sont remplacés par des cordes de 2 ou de 4 ;
- dans le motif « diamant », le tissage ne comporte pas de fils revenant sur eux-mêmes : tous les fils des tissages, même dans le mat, entrent d’un côté du motif et ressortent de l’autre, sans allers-retours, contrairement à ce qu’il se passerait avec de vrais meneurs dans les mains d’une dentellière.
Sources
- Wikipedia : article Barmen machine lace (en anglais),
- Cahier de dentelles mécaniques du Puy, 1910–1930, photographié par Jo Edkins (photos à fond bleu),
- Entreprise Wilhelm Rehage KG de Wuppertal, Allemagne.
- Entreprise Société Cholétaise de Fabrication à Paris et Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire).
Bonjour,
merci pour cet article qui montre qu’une machine ne fera jamais aussi bien qu’une dentelière avec son carreau et ses fuseaux. Et qui permet donc de débusquer d’éventuelles tricheries…
Cordialement